Le coup de coeur d’Odile Grange, 15 mai 2016
Annie Ernaux, Mémoire de fille
Dès son premier livre, Annie Ernaux interroge sa mémoire et le temps. Elle analyse l’enfant qu’elle fut, l’étudiante s’éloignant de son milieu populaire normand, sa relation à ses parents, l’amante passionnée d’un diplomate russe.
Dans Mémoire de fille, la romancière retrouve la jeune fille de 18 ans, l’été 58 passé dans un camp de jeunesse. Loin de la surveillance de sa mère, elle découvre les hommes, sa place mal définie, son corps encombrant, le choix des études.
Chaque récit fascine le lecteur qui s’interroge à son tour sur ce qui a construit l’être qu’il est, sur ce qu’il fait de ce qui lui arrive. Dans son journal de 1989, Annie Ernaux écrit : « Il n’y a qu’une chose qui compte pour moi : saisir la vie, le temps, comprendre et jouir ». En 2016, elle ajoute : « Est-ce la plus grande vérité de ce texte ? »
C’est poignant et magnifique.