Editions zoé (poche)
Récit publié en 1934, il est le premier ouvrage de cette auteure qui, avec Alice Rivaz, Monique Saint-Hélier ou encore Corinna Bille est une des écrivaines majeures du XXème siècle en Suisse romande.
Pile ou face, c’est la satire cruelle de la petite bourgeoisie à travers la description féroce de l’existence d’une famille lausannoise à la fin des années 20 du siècle passé, les époux L. Charles et Elisabeth ainsi que leur fille Thérèse.
Chacun des membres vivant les désillusions cruelles de leurs existences d’autant plus étriquées qu’ils les rêvent ou les ont rêvées chimériquement.
Dans ce récit, la plume de Catherine Colomb est un scalpel cruel qui manie la dérision et l’humour assassin à la perfection pour raconter, ainsi que le dira un critique dans son compte-rendu en 1935 : « La lamentable histoire de trois personnes médiocres ».
Admirable en est le ton de l’écriture virtuose et ramassée qui conduit inexorablement à la catastrophe du dénouement final.
C’est aussi, en faisant œuvre littéraire, la dénonciation sans concession de ce monde bourgeois où l’argent, la réussite sociale, la réputation enferment les êtres, les atrophiant moralement, dans des rôles d’automates qui ne se comprennent pas, et en viennent à s’insupporter silencieusement, voire à se détester ouvertement.
C’est narquois, cruel, impitoyable. À ce « pile ou face » là, tout le monde est perdant… Un petit livre qui ouvre grandes les portes d’une œuvre considérable !
Pascal Dober