Coup de cœur d’Isabelle Zünd. 19 mai 2018
Philippe Claudel, L’archipel du chien, Éditions : STOCK, 280 pages
Si la couverture de ce livre vend du rêve, son contenu dilue du cauchemar. Sous la forme d’une fable acide, l’auteur égratigne l’indifférence collective qui s’est installée face aux drames des migrants. Son écriture droite et orageuse met en relief la lâcheté et la cruauté de la nature humaine. En décor, une petite île isolée que l’on devine méditerranéenne. Un matin, quelques notables découvrent 3 cadavres de jeunes hommes noirs échoués sur la plage. C’est l’histoire de la procrastination déployée par ces acteurs sans noms, par ces « salauds ordinaires ». Il faut se débarrasser du problème ! La vieille instit, le curé, le Maire, le Docteur, le nouvel instit et le visiteur inconnu débattent, se battent, se débattent face à leurs âmes et consciences. Comment s’arranger avec l’impossible ? Ce roman est oppressant jusqu’à la dernière ligne, humainement dérangeant. On y trouve de tout, des goûts et des couleurs, des bruits et des odeurs, des rires et des pleurs. Merci Monsieur Claudel d’être un si précieux gêneur.